• Un peu de poésie!

    Le romantisme est à la base de tout érotisme.

     

    Un peu de poésie pour rendre hommage à la beauté de la femme

    Un peu de poésie!

    À une femme!

     

    Enfant ! si j’étais roi, je donnerais l’empire,
    Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux
    Et ma couronne d’or, et mes bains de porphyre,
    Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire,
    Pour un regard de vous !

    Si j’étais Dieu, la terre et l’air avec les ondes,
    Les anges, les démons courbés devant ma loi,
    Et le profond chaos aux entrailles fécondes,
    L’éternité, l’espace, et les cieux, et les mondes,
    Pour un baiser de toi !

    Victor Hugo, Les feuilles d’automne

     

    Un peu de poésie!

     

    Baiser

    Quand ton col de couleur rose
    Se donne à mon embrassement
    Et ton oeil languit doucement
    D’une paupière à demi close,

    Mon âme se fond du désir
    Dont elle est ardemment pleine
    Et ne peut souffrir à grand’peine
    La force d’un si grand plaisir.

    Puis, quand s’approche de la tienne
    Ma lèvre, et que si près je suis
    Que la fleur recueillir je puis
    De ton haleine ambroisienne,

    Quand le soupir de ces odeurs
    Où nos deux langues qui se jouent
    Moitement folâtrent et nouent,
    Eventent mes douces ardeurs,

    Il me semble être assis à table
    Avec les dieux, tant je suis heureux,
    Et boire à longs traits savoureux
    Leur doux breuvage délectable.

    Si le bien qui au plus grand bien
    Est plus prochain, prendre ou me laisse,
    Pourquoi me permets-tu, maîtresse,
    Qu’encore le plus grand soit mien?

    As-tu peur que la jouissance
    D’un si grand heur me fasse dieu?
    Et que sans toi je vole au lieu
    D’éternelle réjouissance?

    Belle, n’aie peur de cela,
    Partout où sera ta demeure,
    Mon ciel, jusqu’à tant que je meure,
    Et mon paradis sera là.

    JOACHIM DU BELLAY (1542)

    Un peu de poésie!

    La femme adultère

    Je la pris près de la rivière
    Car je la croyais sans mari
    Tandis qu’elle était adultère
    Ce fut la Saint-Jacques la nuit
    Par rendez-vous et compromis
    Quand s’éteignirent les lumières
    Et s’allumèrent les cri-cri
    Au coin des dernières enceintes
    Je touchai ses seins endormis
    Sa poitrine pour moi s’ouvrit
    Comme des branches de jacinthes
    Et dans mes oreilles l’empois
    De ses jupes amidonnées
    Crissait comme soie arrachée
    Par douze couteaux à la fois
    Les cimes d’arbres sans lumière
    Grandissaient au bord du chemin
    Et tout un horizon de chiens
    Aboyait loin de la rivière

    Quand nous avons franchi les ronces
    Les épines et les ajoncs
    Sous elle son chignon s’enfonce
    Et fait un trou dans le limon
    Quand ma cravate fût ôtée
    Elle retira son jupon
    Puis quand j’ôtai mon ceinturon
    Quatre corsages d’affilée
    Ni le nard ni les escargots
    N’eurent jamais la peau si fine
    Ni sous la lune les cristaux
    N’ont de lueur plus cristalline
    Ses cuisses s’enfuyaient sous moi
    Comme des truites effrayées
    L’une moitié toute embrasée
    L’autre moitié pleine de froid
    Cette nuit me vit galoper
    De ma plus belle chevauchée
    Sur une pouliche nacrée
    Sans bride et sans étriers

    Je suis homme et ne peux redire
    Les choses qu’elle me disait
    Le clair entendement m’inspire
    De me montrer fort circonspect
    Sale de baisers et de sable
    Du bord de l’eau je la sortis
    Les iris balançaient leur sabre
    Contre les brises de la nuit
    Pour agir en pleine droiture
    Comme fait un loyal gitan
    Je lui fis don en la quittant
    D’un beau grand panier à couture
    Mais sans vouloir en être épris
    Parce qu’elle était adultère
    Et se prétendait sans mari
    Quand nous allions vers la rivière

    Federico Garcia Lorca, extrait de “El Romancero Gitano”
    Traduction Jean Prévost

    Un peu de poésie!

    Le Godemichet de la Gloire

     

    Un vit sur la place Vendôme,
    Gamahuché par l’aquilon,
    Décalotte son large dôme
    Ayant pour gland Napoléon.
    Veuve de son foufeur, la Gloire,
    La nuit dans son con souverain,
    Enfonce — tirage illusoire ! —
    Ce grand godemichet d’airain…

    Théophile Gautier  

  • Commentaires

    1
    ero80 Profil de ero80
    Jeudi 25 Juillet 2013 à 21:20
    chapeau Maître !!
    2
    Rollyboy
    Jeudi 25 Juillet 2013 à 21:38
    Rollyboy
    Merci beaucoup cher disciple et ami. ;-)
    3
    russo Profil de russo
    Vendredi 26 Juillet 2013 à 01:39
    Vous nous gâtez aujourd'hui, une variété dans l'érotisme qui enchante..la poésie. Sublime
    4
    Rollyboy
    Vendredi 26 Juillet 2013 à 03:17
    Rollyboy
    Merci russo pour ton commentaire.
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