• Un homme certes différent, ... (1)

     

    Montage intéressant !

    Je m'appelle Rolland St-Gelais. Natif de la belle région de la Côte-Nord, plus précisément à Sept-Îles, fils cadet d'une famille de cinq enfants. Mes origines ancestrales sont à la fois normandes, aquitaines et écossaises. Bref, je suis un Québécois typique. Les  membres de ma famille sont : Mon père Roland et son épouse la regrettée Thérèse Després. Leurs enfants sont : Francine, Hermann, Jean-Clément et Gordon puis le tout dernier votre humble serviteur. Élément à retenir : Mes parents ont adopté mon cousin Jean-Claude et celui-ci fait parti intégrante de ma famille au même titre que tous les autres. Je le placerais donc entre les deux premiers.

    Mon lieu de naissance a connu une grande période de prospérité au cours des années 1955 à 1970 et ce, surtout grâce à l'extraction du minerais de fer dans les mines du Grand Nord du Québec. On y retrouve en ce moment même un port de mer, des fonderies, une aluminerie, quelques industries de pêche et un centre de tourisme estival assez bien reconnu au plan national. En d'autres termes, nous pourrions qualifier cette ville de petit Paradis..si ce n'était pas des baisses de températures pouvant aller jusqu'à -40 C et parfois -45 C en hiver.

    Ma famille est merveilleuse et je ne voudrais jamais l'échanger pour une autre car nous avons su nous serrer les coudes dans les moments d'adversité, mais aussi savourer les temps les plus beaux qui pouvaient nous arriver. Ma vie fut donc remplie de hauts et des bas. Mais, au fait ! Quand ma vie débuta-t-il réellement ? Elle débuta vers le début du premier trimestre de grossesse de ma tendre mère qui ne se douta pas un seul instant du terrible drame qui allait influencer le cours de ma vie.

    En effet, je suis l'une des victimes du terrible médicament tristement célèbre sous le vocable de la thalidomide qui fit des ravages dans presque tous les pays. Je suis né le 24 mai 1962 vers les 20h00 à l'hôpital Ste-Anne de l'endroit. Il me manquait à la naissance la langue, les deux mains, l'avant-jambe gauche et une bonne proportion de mon pied droit sans oublier l'absence de mon menton. La thalidomide avait fait un véritable chef-d'œuvre. Ne croyez surtout pas que ma vie est triste et que je m'apitoie sur mon sort. Il en est rien. Il est quand même vrai qu'une bonne partie de ma vie n'a pas été des plus réjouissantes.

    C'est ainsi que j'ai passé les quatre premières années de ma vie dans deux institutions à vocations fort différentes. Dès ma naissance, le médecin de l'endroit avait refusé à ma mère de voir son rejeton en lui affirmant qu'il serait à jamais confiner dans un hôpital pour enfants arriérés mais, le plus terrifiant dans cette histoire, c'est qu'il recommanda à mon père de raconter à celle-ci que je suis décédé peu de temps près ma naissance et de m'oublier. Mais, Dieu merci, il refusa d'obtempérer à leurs suggestions. Néanmoins, devant le peu de ressources à cette époque, ils durent se résoudre à me placer dans cette institution située dans la municipalité de Baie-St-Paul tout près de Québec. Ce fut un mal pour un bien !

    Les religieuses de l'endroit ont entrepris de me sauver la vie : Que d'heures elles passèrent à me nourrir aux compte-gouttes, à me bercer, à soigner les moindres plaies qui se formèrent sur mes bouts de bras etc. Ce sont elles qui décidèrent de me baptiser du même prénom qu'un de leurs pensionnaires de l'endroit qui fait cocasse portait le même prénom que mon papounet : Roland. Chose étrange : Les médecins de Sept-Îles avaient volontairement omis de déclarer ma naissance aux autorités gouvernementales. Celles-ci avaient écrit aux médecins de l'hôpital de Baie-St-Paul afin de se renseigner à mon sujet. Heureusement, ils réussirent à régler mon cas évitant ainsi à mes parents de faire de la prison pour ne as m'avoir rapporté au plan légal. Petite question : N'aurait-il pas plutôt été les médecins de Sept-Îles à être accusés de négligence envers un enfant qui bien malgré lui dérangeait un peu trop ? On ne peut certes pas revenir dans le passé, ce qui ne m'empêche guère de me poser cette question bien légitime.

    Ce fut environ un an après ma naissance que ma défunte mère fut capable de me voir pour la toute première fois. Toutefois, elle fit un détour à la Basilique Ste-Anne-de-Beauprés afin de Lui demander la réalisation d'un de ces deux requêtes. Primo, de venir me chercher si je devais être confiné dans une institution pour retardés mentaux ou, secundo, de me donner la chance de mener une vie digne d'être vécue. Je Le remercie de m'avoir laissé le second choix. Bref, ma mère a finalement vu son poupon depuis le tout début de sa vie. Elle trouva que malgré les nombreuses carences physiques, il était tout de même joli avec ses beaux grands yeux et qu'il était doué une intelligence peu commune. Mais, faute d'argent, elle du me laisser et partit rejoindre ses autres enfants et son conjoint sur la Côte-Nord. Pourtant, Dieu veillait au grain avec la collaboration d'un ange de cet établissement.

    C'est ainsi que sœur Annette Ferland décida que les choses n'allèrent pas en rester là. Elle suggéra au docteur de cette institution de l'endroit de communiquer avec l'illustre Gustave Gingras de l'Institut de Réadaptation de Montréal et avec les responsables de l'hôpital Ste-Justine pour enfant afin de faire quelque chose pour votre humble serviteur, surtout à une époque si cruciale de sa vie. Après de multiples appels téléphoniques et un nombre impressionnants de courriers, je fus admis au sein de l'I.R.M. en 1964 et un peu plus tard à l'hôpital St-J. Les spécialistes entreprirent une adaptation et un travail médical de grande envergure : Port de prothèses, opérations visant à construire mon menton avec mes côtes flottantes et la liste pourrait se rallonger. De plus, ce sont ces spécialistes qui démontrèrent hors de tout doute auprès du gouvernement fédéral que mon handicap physique a pour origine causale la thalidomide. Il est à noter que je possède tous les documents légaux de ces correspondances dans mes dossiers personnels.

    Une fois leur exploit médical et de réadaptation accomplie, les membres de ma famille ont pu faire la rencontre de leur frère cadet. Je fus aussitôt accepter parmi les miens et participa aux bons, mais aussi aux moins bons coups lol, comme tous les enfants de leurs âges. Je ne peux passer sous silence une famille qui nous avait épaulés à cette époque : La famille Bijould a entretenu des liaisons amicales avec chaque membre de nos familles respectives. Je profite de l'occasion pour les saluer chaleureusement, en particulier mon bon ami René.

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires de cet article


    Vous devez être connecté pour commenter